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Sensibilisation aux mauvais traitements

Il est important que tous les thérapeutes respiratoires reconnaissent que les mauvais traitements d’ordre sexuel, les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel peuvent être infligés à des individus issus de toutes les cultures et de tous les milieux économiques. La prévalence des mauvais traitements est telle qu’un nombre important de consommateurs de soins de santé sont des survivants d’une certaine forme de violence interpersonnelle (mauvais traitements d’ordre sexuel, agressions sexuelles, harcèlement sexuel), et que leurs expériences passées pourraient avoir un effet sur la perception des traitements qui leur sont prodigués.7

Prévalence et répercussions des mauvais traitements

Il est difficile d’obtenir des statistiques précises sur la prévalence des mauvais traitements, plus particulièrement les mauvais traitements d’ordre sexuel, car on estime que seulement « une agression sexuelle sur dix est signalée à la police »8. Toutefois, il est probable que les fournisseurs de soins de santé rencontreront des survivants de mauvais traitements d’ordre sexuel ou d’agression sexuelle et d’autres formes de mauvais traitements dans leur pratique9. La recherche (mars 2023) indique que :
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Environ 33 % des femmes et 14 % des hommes sont des survivants de violences sexuelles dans durant leur enfance10; et

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Les femmes autochtones sont presque trois fois plus susceptibles de signaler être victimes d’un crime violent, comme une agression sexuelle, que les femmes non autochtones11.

Les mauvais traitements ont une grande portée et peuvent avoir des conséquences graves sur la stabilité émotionnelle, la santé physique et la capacité à nouer et à entretenir des relations entre adultes. Des antécédents de violence sexuelle durant l’enfance ou des traumatismes subis durant l’enfance sont associés aux problèmes suivants :
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utilisation accrue des services médicaux;

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Toxicomanie, automutilation, suicide;

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cardiopathie ischémique, cancer, maladie pulmonaire chronique12.

Principes en matière de pratique professionnelle sensible

Des procédures qui peuvent sembler banales peuvent être très traumatisantes pour les survivants de mauvais traitements, et peuvent faire en sorte qu’ils se sentent exposés, vulnérables et impuissants. Le Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé : Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance décrit neuf principes de pratique sensible; notamment, faire preuve de respect, prendre le temps, partager l’information et respecter les limites13. L’objectif principal d’une pratique sensible est de favoriser un sentiment de sécurité et de contrôle. Il faut tenir compte des éléments suivants lors de chaque interaction avec le patient/client :

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obtenir le consentement à chaque étape de la procédure;
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s’assurer que le patient/client sait qu’il peut mettre fin à la procédure en tout temps;
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accorder tout le temps nécessaire à l’interaction avec le patient/client;
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être conscient des déclencheurs potentiels (p. ex., exposition de la poitrine, toucher, insertion d’objets dans la bouche).

Lorsqu’ils prodiguent des soins, les thérapeutes respiratoires doivent respecter la diversité culturelle, l’orientation sexuelle et les différences physiques et intellectuelles de leur patient/client.
Dans la culture occidentale, le contact visuel est généralement interprété comme un signe d’attention et d’honnêteté. Toutefois, dans d’autres cultures, le contact visuel direct peut être considéré comme irrespectueux et impoli.

Principes en matière de communication

La communication passe par les mots, le langage corporel et l’écoute active. Les thérapeutes respiratoires s’assureront de pratiquer de manière sensible en :

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étant conscient des besoins et du style de communication des autres;
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se présentant par leur nom et leur titre professionnel (cela comprend également la présentation de tout étudiant ou membre du personnel présent);

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expliquant la procédure de façon détaillée, avec des mots qui permettent de s’assurer que le patient/client comprend ce qui sera fait et ce que l’on attend de lui;
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obtenant le consentement (lorsque cela est possible) avant de toucher un patient/client et en l’informant qu’il peut retirer son consentement en tout temps;

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parlant directement au patient/client et en maintenant un contact visuel approprié sur le plan culturel;
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permettant au patient/client de poser des questions;
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rassurant le patient/client et en lui fournissant des explications tout au long de la procédure;
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demandant le consentement du patient/client pour qu’un étudiant ou un membre du personnel, observe, aide ou effectue une procédure;
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s’abstenant de formuler des commentaires sexuellement explicites ou tout autre type de commentaire inapproprié (p. ex., sarcasme, insultes raciales, taquineries, blasphèmes).

{

Ce qu’un professionnel de la santé peut considérer comme des termes d’affection tels que « ma belle », « petite femme », « chérie », « mon chou » et « ma chère » peuvent être interprétés comme des termes d’avilissement ».

(Commission ontarienne des droits de la personne, 2013)

Le fait de parler d’un patient/ client en sa présence ou d’avoir une conversation près de lui dans une langue autre que le français ou l’anglais (et que le patient/ client ne comprend pas) peut être perçu comme un comportement irrespectueux et non professionnel.

Scénario

un médecin obtient le consentement d’une patiente/cliente pour effectuer un test de la fonction pulmonaire. Toutefois, en se présentant au test, le thérapeute respiratoire lui explique qu’on doit lui mettre un appareil dans la bouche et une pince sur le nez. La patiente s’agite et refuse de subir le test.

Que doit-elle faire?

Il ne faut pas oublier que le consentement est un processus, pas un événement unique. Malgré les efforts faits pour obtenir le consentement éclairé préalable, le patient/client peut ne pas anticiper pleinement la façon dont il réagira au test ou à la procédure avant de se retrouver dans la situation en question. Si un thérapeute respiratoire effectue la tâche, il est alors responsable de s’assurer que le patient/client comprend que le consentement est un processus et qu’il peut le retirer à tous les stades de l’interaction.

Principes en matière de toucher

Les mots, les comportements, les touchers appropriés peuvent réduire l’embarras, la détresse et la peur ressentis par certains patients/clients lorsqu’ils reçoivent des soins. Les contacts corporels (toucher) doivent être appropriés au service fourni par le thérapeute respiratoire. Les thérapeutes respiratoires s’assureront de pratiquer de manière sensible en :

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Obtenant le consentement, lorsque cela est possible, avant de toucher le patient/client;

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Permettant au patient/client de se dévêtir et en touchant uniquement les parties du corps nécessaires pour faciliter le retrait des vêtements lorsque vous l’aidez à se dévêtir;

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Respectant le client et son espace personnel;

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Évitant de placer des instruments ou d’autres choses sur le patient/client;

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Protégeant la dignité du patient/client lorsque cela est possible (p. ex., literie appropriée pour assurer son intimité).

Les contraintes de temps et d’espace, plus particulièrement dans un contexte de soins actifs, font parfois en sorte que certaines choses qui sont faites au patient/client et autour de celui-ci ne seraient pas faites dans les autres interactions de personne à personne (p. ex., équipement d’intubation placé sur la poitrine du patient/client, bonbonne d’oxygène placée entre les jambes d’un patient/client). Le thérapeute respiratoire doit toujours faire le nécessaire dans une situation donnée pour fournir les meilleurs soins possible à son patient/client, tout en respectant son espace personnel et son autonomie.

Scénario

Un thérapeute respiratoire de sexe masculin doit préparer et effectuer un test d’effort cardiaque sur une patiente/cliente.

Que doit-elle faire?

Dans cette situation, si cela est possible, il est recommandé d’offrir à la patiente/cliente d’être accompagnée par une autre personne durant l’étape de préparation. De nombreuses organisations ont également une politique qui régit ce type d’interaction avec le patient/client.

Ressources supplémentaires
  1. Engagement envers l’exercice moral de l’OTRO
  2. Politique sur le financement de mesures de soutien (pour les non-patients ou non-clients) de l’OTRO
  3. Politique sur le financement de mesures de soutien (pour les patients ou clients) de l’OTRO
  4. Obligation des membres en matière de signalement de l’OTRO - Feuillet d’information
  5. Pause Before You Post : Module d’apprentissage électronique sur la sensibilisation aux médias sociaux pour les professionnels de la santé
  6. Normes de pratique de l’OTRO
  7. Énoncé de position Tolérance zéro relativement aux mauvais traitements d’ordre sexuel et autres formes de mauvais traitements
Références
  1. Loi sur les services à l’enfance et à la famille
  2. Code criminel du Canada
  3. Dans Agence de la santé publique du Canada (Eds.),. Ottawa: Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé : Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance

  4. McPhedran, M., & Sutton, W. (2004). Preventing Sexual Abuse of Patients: A Legal Guide for Health Care Professionals. Toronto, ON, Canada: LexisNexis Butterworths.

  5. Commission ontarienne des droits de la personne (2013). Politique sur la prévention du harcèlement sexuel et du harcèlement fondé sur le sexe.

  6. Loi sur les professions de la santé réglementées

  7. Statistique Canada. (2011). La victimisation avec violence chez les femmes autochtones dans les provinces canadiennes, 2009,

  8. Statistique Canada. (2012). La violence familiale au Canada : un profil statistique, 2010

  9. Statistique Canada. (2013). Mesure de la violence faite aux femmes : tendances statistiques

FOOTNOTES

  1. Statistique Canada. (2008). Les agressions sexuelles au Canada 2004 et 2007. (Série de profils du Centre canadien de la statistique juridique). Consultable au www.statcan.gc.ca/pub/85f0033m/85f0033m2008019-fra.pdf 
  2. Agence de la santé publique du Canada. (2009). Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance. Ottawa, ON : Agence de la santé publique du Canada.
  3. Ibid.
  4. Statistique Canada. (2011). La victimisation avec violence chez les femmes autochtones dans les provinces canadiennes, 2009. Tiré de Juristat (statcan.gc.ca)
  5. Agence de la santé publique du Canada. (2009). Manuel de pratique sensible à l’intention des professionnels de la santé :   Leçons tirées des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance. Ottawa (Ontario) : Agence de la santé publique du Canada.
  6. Ibid